Stigmate

Corinne Rostaing, « Stigmate », in Paugam Serge (dir.), Les 100 mots de la sociologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que Sais-Je ? », 2e édition, 2018, p. 100.

C’est Erving Goffman qui a fait du stigmate (étymologiquement une marque durable sur la peau) un concept sociologique, en l’étendant à tout attribut social dévalorisant, qu’il soit corporel ou non – être handicapé, homosexuel, juif, etc. Le stigmate n’est pas un attribut en soi : il se définit dans le regard d’autrui. Il renvoie à l’écart à la norme : toute personne qui ne correspond pas à ce qu’on attend d’une personne considérée comme « normale » est susceptible d’être stigmatisée. Le stigmate s’analyse donc en termes relationnels. Il renvoie autant à la catégorie à proprement parler qu’aux réactions sociales qu’elle suscite et aux efforts du stigmatisé pour y échapper.

Goffman distingue donc tout un jeu possible de négociations identitaires « lorsque la différence n’est ni immédiatement apparente, ni déjà connue, lorsqu’en deux mots, l’individu n’est pas discrédité, mais bien discréditable »[1]. La personne stigmatisable s’attache au contrôle de l’information à l’égard de son stigmate (le cacher, le dire à certains, le révéler) ; la personne stigmatisée doit gérer la tension entre la norme sociale et la réalité personnelle (se voir confrontée aux réactions gênées de son entourage). Elle se trouve généralement réduite à son stigmate : toutes ses actions sont interprétées à travers ce prisme. Dès lors, elle est séparée des normaux.

 

Et pour découvrir les 99 autres « mots de la sociologie », retrouver le livre sur le site des Presses universitaires de France :
https://www.puf.com/les-100-mots-de-la-sociologie

Et sur la plate-forme Cairn.info (édition 2010) :
https://doi.org/10.3917/puf.pauga.2010.01


  1. Erving Goffman, Stigmate. Les usages sociaux du handicap, Paris, Les Éditions de Minuit, [1963], 1975, p. 57.