Résister à l’État en conjoncture critique ? Le confinement du printemps 2020 dans un village rural et montagnard

Enquête
Par Lorenzo Barrault-Stella
Français

Le confinement du printemps 2020 donne l’opportunité de questionner les rapports à l’État des différents groupes sociaux, les ressorts de leurs résistances et conformations à la puissance publique, dans une conjoncture de crise. Prenant appui sur la poursuite en situation d’une enquête ethnographique entamée en 2013, cet article analyse les usages sociaux de l’État, c’est-à-dire les pratiques des différentes institutions et politiques publiques, que font les groupes peuplant un village rural et montagnard dans cette séquence. Dans cette conjoncture d’étatisation accrue, les rapports au politique et à l’institution électorale des habitants des différents milieux sociaux s’inscrivent dans la continuité de leurs préférences antérieures. La politique de confinement fait l’objet de critiques collectives exacerbées, d’une transgression généralisée au sein de ce territoire isolé comme, à l’extérieur, de pratiques de conformation sans croyance face aux forces de l’ordre. Si la défiance et les résistances aux composantes politiques et coercitives de l’État sont sur ce territoire exacerbées par la situation, les différents groupes sociaux continuent concomitamment de prendre appui de manière inégalitaire sur les institutions distributives de l’État social et se conforment assez largement à la politique scolaire à distance. L’étude relationnelle des rapports des gouvernés aux différentes institutions composant l’État suggère finalement, complémentairement aux représentations et discours publics, l’importance des dimensions pratiques dans l’étude sociologique de la légitimation légale-rationnelle.

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