À qui profite le voisinage ? Le voisinage au prisme des classes sociales

Par Joanie Cayouette-Remblière, Éric Charmes, Hélène Steinmetz
Français

La synthèse d’une trentaine d’enquêtes localisées réalisées dans différents contextes résidentiels français laisse ouverte la question de savoir quelles classes sociales tirent le plus de ressources du voisinage. Il reste donc difficile de dire si l’espace résidentiel contrebalance les inégalités sociales qui s’observent à d’autres échelles ou s’il contribue à les accroître. Pour répondre à cette question, cet article s’appuie sur une enquête statistique localisée dans quatorze terrains des aires urbaines parisienne et lyonnaise, réalisée auprès de 2 572 enquêté·es, complétée de 210 entretiens semi-directifs. Ce dispositif méthodologique offre les conditions rares d’une approche à la fois comparative entre classes sociales et attentive aux contextes résidentiels ainsi qu’aux conditions de passation des questionnaires. L’article met en évidence un paradoxe : si les classes populaires investies dans le voisinage tirent de leur espace résidentiel des ressources plus fondamentales que celles dont profitent les autres classes sociales, ce groupe social se situe néanmoins plus souvent en retrait du voisinage et des opportunités auxquelles il peut donner accès. Cette paradoxale inégalité dans l’espace local prend sa source dans les différences de conditions de logement et de contraintes résidentielles, dans les moyens dont disposent les classes sociales pour maîtriser leur espace de résidence et, finalement, dans la plus forte dépendance des classes populaires aux liens sociaux de proximité.

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