Une sexualité pour soi, mais accessible pour qui ? L’imbrication du genre et de la classe dans la formation du style de sexualité des étudiant·es
La diffusion de la norme d’égalité entre les sexes, amplifiée par le « moment MeToo », vient remettre en question la division genrée des styles de sexualité, opposant d’un côté un modèle centré sur l’individu et associé aux hommes et, de l’autre, un modèle conjugal associé aux femmes. À partir d’une enquête par questionnaire et par entretiens conduite auprès d’étudiant·es aux origines sociales variées et recruté·es dans quatre formations de l’enseignement supérieur, cet article analyse comment les styles de sexualité des jeunes adultes se reconfigurent par rapport à ceux des précédentes générations. Tout d’abord, l’exploitation du questionnaire permet de montrer que, malgré la symétrisation croissante des répertoires sexuels des femmes et des hommes, les styles de sexualité adoptés par les étudiant·es continuent de se différencier en fonction du genre, mais aussi de la classe. En effet, l’accès des femmes à une sexualité pour soi reste limité et concerne surtout celles qui sont fortement dotées en capitaux culturels. Ensuite, à partir d’entretiens avec des étudiant·es d’un institut d’études politiques, fortement doté·es en capitaux culturels, l’article examine comment leur style de sexualité s’inscrit dans des trajectoires façonnées par le genre et la classe. Plus précisément, il détaille comment l’appropriation d’idées féministes favorise une ouverture des possibles sexuels et comment la revendication d’un style de sexualité « féministe » participe à la production des frontières entre classes sociales.
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