Faire avec le temps. Dépossession et réappropriations circonscrites du temps judiciaire par les justiciables dans les procès civils
À l’appui d’une enquête portant sur différents contentieux de la justice civile – entre des salarié·es et des employeur·es, des propriétaires et des locataires, des investisseur·es et des sociétés de promotion immobilière –, l’article montre que l’emprise de l’institution judiciaire sur les justiciables se manifeste notamment par l’absence de maîtrise du temps. Derrière ce constat se cachent néanmoins des inégalités entre justiciables, liées à leur maîtrise de la procédure, leur capacité à se libérer d’autres contraintes temporelles ou encore de faire face à l’incertitude matérielle ouverte par l’action en justice. Le recours à un·e avocat·e est aussi une dimension de ces inégalités : s’il peut favoriser une domestication partielle du temps judiciaire, il induit néanmoins aussi une forme de dépossession du temps pour les justiciables. Dans ce contexte général de temporalités largement subies et non maîtrisées, le temps judiciaire peut malgré tout être partiellement réinvesti : il autorise des formes d’apprentissages (souvent malheureux) de la justice et, parfois, des remobilisations (partielles), individuelles ou collectives.
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