Des professionnelles de la socialisation : visibilité du travail, normes professionnelles et clivages sociaux chez les assistantes maternelles

Enquêtes
Par Caroline Bertron, Pascal Barbier, Anne Pellissier-Fall, Pauline Seiller, Irène-Lucile Hertzog
Français

Cet article propose une sociologie du travail socialisateur des assistantes maternelles à partir de l’étude des pratiques et du rapport au travail des professionnelles. Les travailleuses subalternes, peu qualifiées, de la petite enfance doivent aujourd’hui témoigner d’une préoccupation pour l’« éveil », l’« éducatif » ou le « développement moteur sensoriel ou émotionnel » des enfants. Mais en dehors de ces dimensions prescriptives, la composante socialisatrice du travail quotidien reste peu analysée. Or, elle est au centre d’enjeux constants, avec les parents, auprès des enfants et amène les femmes de ce champ professionnel à se positionner par rapport à plusieurs sources normatives pour décrire leur travail. L’étude de cette dimension du travail permet ainsi d’accéder à des registres d’action très diversifiés mais orientés normativement. Elle permet d’aborder la variété des dimensions morales sous-jacentes à l’exercice du métier et aux conceptions du travail sur les enfants. L’article montre l’invisibilisation par les professionnelles de certains aspects prescrits du travail socialisateur au profit d’autres dimensions, comme le rôle d’un accueil familial pour l’enfant. En étudiant plus généralement comment cette dimension du travail est inégalement mise en avant selon les professionnelles, l’article distingue plusieurs registres d’intervention. Il analyse enfin les effets des pratiques professionnelles sur les positionnements sociaux des assistantes maternelles au sein des milieux populaires.

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  • petite enfance
  • classes populaires
  • assistantes maternelles
  • pratiques professionnelles
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