La traduction manquée d’Edward Saïd en France

Enquêtes
Par Anne-Claire Collier
Français

Cet article analyse la trajectoire éditoriale mouvementée d’Edward Saïd en France. Si l’ouvrage Orientalisme est traduit rapidement par les éditions du Seuil, deux ans après sa parution en anglais, ses autres écrits sont ignorés par les éditeurs français. Aucun de ses ouvrages n’est publié pendant seize ans alors que durant cette même période il publie douze ouvrages en langue anglaise, aussi bien théoriques que politiques. Face à ce silence éditorial, l’étude des archives personnelles d’Edward Saïd souligne paradoxalement un fort investissement de celui-ci auprès des éditeurs français : recours à un agent spécifique, contact personnel avec des éditeurs, envoi de manuscrits. Plusieurs missives montrent qu’Edward Saïd interprète ce silence comme une conséquence de ses engagements politiques en faveur de la Palestine. À partir de l’étude des archives d’Edward Saïd, de celles des maisons d’édition et d’entretiens menés auprès de ses éditeurs, cette étude cherche à rendre compte des conditions d’(im)possibilité de la traduction de cet auteur dans l’espace français mêlant à la fois le contexte intellectuel français, les contraintes économiques pesant sur l’espace éditorial ainsi que l’assignation identitaire subit par Edward Saïd croisant postcolonialisme, critique néolibérale et militant pour la cause palestinienne, le rendant difficilement « classable ».

  • traduction
  • postcolonialisme
  • trajectoire intellectuelle
  • Edward Saïd
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