La bonne volonté sanitaire des classes populaires

Enquêtes
Les ménages employés et ouvriers stables face aux médecins et aux normes de santé
Par Anne-Marie Arborio, Marie-Hélène Lechien
Français

Appuyé sur un ensemble de monographies de ménages réalisées dans le cadre d’une enquête collective, cet article s’intéresse aux relations entre les classes populaires stables et les médecins, en privilégiant le point de vue des premières. Les ménages de cette enquête, choisis pour leur position relativement assurée au sein du salariat d’exécution, se distinguent des fractions les plus précaires des classes populaires par un recours régulier aux médecins, en particulier aux généralistes : ce recours ne leur paraît pas limité, sans être pour autant recherché. La relative familiarité qui résulte de ces contacts répétés n’abolit pas la distance sociale avec les médecins telle qu’elle est relevée, pour les classes populaires en général, dans d’autres travaux sociologiques. Les enquêtés ont conscience de cette distance mais l’acceptent, les médecins incarnant sans doute une domination dont il est possible de retirer un certain bénéfice. De telles relations actualisent l’appropriation de normes de santé qui s’observe dans des pratiques quotidiennes comme l’alimentation. L’article met ainsi au jour une « bonne volonté sanitaire », avec l’intériorisation partielle de l’injonction à « prendre soin de soi », et l’adoption, par les enquêtés, d’une posture de « réforme de l’intérieur » des classes populaires, qui renvoient toutes les deux à une logique de distinction d’avec les fractions précaires des classes populaires et à un travail de démarcation par rapport aux générations antérieures.

  • classes populaires
  • médecine
  • santé
  • normes de santé
Voir l'article sur Cairn.info