Les mobilités sociales et géographiques des gays et des lesbiennes. Une approche à partir des femmes et des hommes en couple

Enquêtes
Par Wilfried Rault
Français

Les mobilités sociales et géographiques des populations gaies et lesbiennes ont souvent été observées dans le cadre de travaux issus d’études qualitatives ou d’enquêtes quantitatives fondées sur des échantillons de volontaires. En dépit d’un essor notable des études gaies et lesbiennes depuis les années 1980 et plus encore des années 1990 et 2000 en lien avec une reconnaissance juridique et sociale du couple de même sexe, il est resté impossible d’explorer ces mobilités à la lumière de grandes enquêtes représentatives réalisées en population générale. Après avoir mis en évidence les raisons de cette impossibilité, cet article utilise l’enquête Famille et logements, réalisée en 2011 par l’Insee avec la collaboration de l’Ined et qui pour la première fois en France, permet de mettre en œuvre cette démarche à partir de l’étude des personnes en couple. Elle présente l’intérêt de pouvoir étudier à la fois les hommes et les femmes alors que les enquêtes de convenance ne se sont adressées pour la plupart qu’aux hommes. Un fort investissement dans les études et une mobilité sociale ascendante apparaissent nettement plus caractéristiques des personnes en couple de même sexe que de celles en couple de sexe différent, tant pour les femmes que pour les hommes. Les situations individuelles observées rendent également compte d’une mobilité géographique forte. Elle se caractérise par une prise de distance marquée vis‑à‑vis des lieux de vie de la parenté et est souvent orientée vers les grandes entités urbaines et ce, davantage pour les hommes que pour les femmes. Les deux formes de mobilités se combinent différemment selon les origines sociales des individus. Les mobilités sociales sont particulièrement caractéristiques des femmes et des hommes issus des classes moyennes et populaires et vont de pair avec une mobilité géographique. Les gays issus des classes supérieures ne se distinguent pas des autres hommes issus des classes supérieures en termes de trajectoires scolaires, mais présentent plus fréquemment des mobilités géographiques orientées vers l’Île‑de‑France et plus encore vers la ville de Paris.

Mots-clés

  • mobilité sociale
  • homosexualité
  • mobilités géographiques
  • couple
  • enquête quantitative
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