Temporalités des services d’aide et des sans‑abri dans la relation d’urgence sociale

Enquêtes
Une étude du fractionnement social
Par Edouard Gardella
Français

En réponse aux problèmes d’accès au logement, acteurs privés et publics proposent, en France, depuis au moins la fin de la Seconde Guerre mondiale, des habitats d’assistance, dont une caractéristique centrale est leur durée provisoire. Si nombre de ces habitats imposent un provisoire qui dure, l’hébergement d’urgence, gratuit et destiné aux personnes sans‑abri, impose quant à lui un temporaire qui se répète. La durée de séjour dans ces habitats faiblement conditionnels y est en effet très courte (entre une et sept nuits principalement), malgré les changements prévus par la loi DALO (2007). Cette temporalité du séjour en hébergement a pour conséquence une forte mobilité d’habitats des individus les plus précaires de la structure sociale. L’organisation d’un tel turnover et ses effets sur les temporalités quotidiennes des sans‑abri est conceptualisée dans cet article comme un fractionnement social. Ce type de relation d’assistance donne ainsi à voir un pouvoir distinct du modèle de l’institution totale. Mais, afin de ne pas réduire cette relation d’aide à un mécanisme déterministe, il s’agit de porter attention à la diversité des réactions à la fois des intervenants sociaux et des personnes sans‑abri. C’est à cette condition que les pratiques de cantonnement des contraintes temporelles imposées par ces hébergements peuvent être documentées.

Mots-clés

  • relation d’assistance
  • durée d’hébergement
  • temporalités
  • urgence
  • rotation
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