La quête de l'autonomie littéraire en contexte autoritaire : le cas des écrivains tunisiens

Enquêtes
Par Abir Kréfa
Français

L’article analyse les modalités de contrôle de la production littéraire par le régime autoritaire tunisien et dans le même temps, les formes d’arrangements, de résistances et d’indifférence des écrivains aux immixtions du politique dans leurs œuvres. Le matériau empirique est constitué d’une soixantaine d’entretiens auprès d’écrivains tant francophones qu’arabophones et d’éditeurs, ainsi que de témoignages et d’une vingtaine d’œuvres de création co-éditées en Tunisie. L’article se propose d’expliquer les conceptions du littéraire par les expériences socialisatrices et les dispositions des écrivains. Les conceptions de la littérature s’éclairent ainsi au regard des origines sociales, des socialisations politique et littéraire, ainsi que de la profession exercée. Certains écrivains particulièrement politisés à gauche et ayant fait l’expérience de la censure se sont engagés dans la défense collective de l’autonomie littéraire. Les écrivains arabophones originaires des classes populaires, ayant eu, ou non, une expérience militante et occupant les professions de journalistes, tendent à définir l’autonomie comme la transgression des tabous sociaux et politiques. Enfin, les écrivains originaires des milieux culturellement favorisés, exerçant les métiers d’enseignants de lettres du secondaire ou du supérieur et qui n’ont pas eu d’expérience militante mettent l’accent sur l’œuvre comme l’expression d’une individualité et d’un investissement esthétique.

Mots clés

  • écrivains
  • Tunisie
  • régime autoritaire
  • autonomie
  • dispositions
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