Protester avec violence. Les actions militantes non conventionnelles des chasseurs

Enquêtes
Par Julian Mischi
Français

À partir du cas de la mobilisation des chasseurs d’une région rurale et industrielle, cet article aborde la question de l’usage de la violence dans les mouvements de contestation populaire. De l’extérieur, la violence de certains chasseurs peut apparaître comme l’expression d’une force non maîtrisée et irréfléchie. Or, l’analyse des pratiques et des discours que tiennent ces acteurs met au jour les significations qu’elle revêt et l’organisation qui la rend possible. Le recours à la violence s’intègre dans un dispositif contestataire non conventionnel structuré autour de relations d’interconnaissance dont une visée ethnographique peut rendre compte.
C’est donc un aspect du rapport des classes populaires au politique – le recours à l’action directe et violente – que l’on éclaire en soulignant en quoi ce mode de protestation est marqué, dans le cas des chasseurs de gibier d’eau, par une double socialisation, professionnelle (ouvrière) et résidentielle (rurale). À l’opposé d’une approche se contentant d’évoquer l’irrationalité des comportements violents, il s’agit d’éclairer les processus d’apprentissage propices au déploiement d’actions militantes non conventionnelles (incendies, menaces physiques, braconnage, etc.). Les modalités d’entrée dans des formes radicales de protestation se nourrissent d’expériences quotidiennes qui les rendent légitimes. Elles sont à relier à la résistance de certaines fractions des classes populaires face à une perte d’emprise sur leur espace de vie.

Mots-clés

  • chasse 
  • violence 
  • classes populaires 
  • mobilisation 
  • espaces ruraux
Voir l'article sur Cairn.info