Sexualité et relations affectives des personnes sans domicile fixe. Entre contraintes sociales et parcours biographiques

Enquêtes
Par Nicolas Oppenchaim, Dolorès Pourette, Erwan Le Méner, Anne Laporte
Français

Résumé

Cet article présente les résultats d’une enquête sur les relations affectives et sexuelles de personnes sans domicile. À partir d’une cinquantaine d’entretiens semi-directifs auprès d’individus fréquentant les centres d’accueil et d’hébergement du Samusocial de Paris, l’enquête met en évidence la pluralité des parcours de vie et des expériences affectives et sexuelles. Cette pluralité prend sens au regard de la manière dont les personnes définissent leur situation (Thomas, 1923), qui ne correspond pas toujours aux catégories décrivant habituellement le sans-abrisme. Les personnes les plus désocialisées, qui se considèrent comme sans-abri et qui ne manifestent aucun espoir de quitter la rue, expriment de grandes difficultés à vivre des relations intimes. Mais l’absence de relations sexuelles, chez certaines, ne semble pas tant le résultat d’un manque d’opportunités, que d’une suspension du désir ou de la capacité à aimer, liée à des épreuves passées douloureuses. Pour ceux qui ne se reconnaissent pas comme sans-abri, les relations affectives et la vie sexuelle paraissent relativement autonomes de l’environnement de l’exclusion. Ainsi, vivre dans la rue ne constitue pas systématiquement une rupture dans le cours des expériences affectives et sexuelles, ni du point de vue de l’organisation de celles-ci, ni du point de vue de leurs significations.

Mots-clés

  • sans domicile
  • sexualité
  • intimité
  • relations affectives
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